Le FMI est-il encore utile aujourd’hui : dérives et succès
Quid du FMI ? Est-il encore utile ? C’est la question que se posent tous les commentateurs spécialisés en actualités économiques internationales, en soupesant cette idée comme quoi le fonds monétaire international a peut-être aujourd’hui son avenir derrière lui.
Il faut dire que la création de ce fonds en 1945 sur les ruines encore fumantes d’un monde détruit par la seconde guerre mondiale devait jeter les bases de la reconstruction d’un avenir financier prometteur sur cette notion généreuse que la mutualisation de fonds consentis par les pays riches permettraient le développement des pays pauvres, avec en arrière-pensée de contrecarrer l’influence soviétique, guerre froide oblige !
Soixante-dix ans d’une Histoire tumultueuse sont passées par là, avec des bouleversements inenvisageables, telles que l’effondrement du bloc soviétique, la naissance de l’Europe unie et l’émergence d’une Chine en superpuissance qui rafle aujourd’hui la mise !
Il est vrai que si l’on jette un regard sur ce que le FMI a permis, ce qu’il n’a pu éviter et les erreurs sans doute commises, on peut se poser la question de sa réelle utilité, ainsi que celle des autres instances financières internationales telles quela Banque Mondiale. Sans entrer dans le détail des programmes de financements mis en place par le FMI au cours de ces décennies, on peut citer quelques exemples montrant des effets délétères ou de fameux échecs.
Ainsi le programme de restructuration macro-économique imposé par le FMI en 1980 au gouvernement yougoslave a précipité l’effondrement de son économie nationale en désintégrant le secteur industriel jugé artificiellement déficitaire, ce qui a ruiné la puissance de l’Etat fédéral, suscité l’appauvrissement des populations, poussé l’extrémisme en matière politique et amené les guerres civiles meurtrières.
En Amérique du Sud, l’Argentine, en pleine crise, a négocié directement avec ses créanciers un rééchelonnement de sa dette avec abandon d’une partie de celle-ci sans imposer à sa population et à son économie les mesures draconiennes que lui proposait le FMI par sa politique d’ajustement structurel, très critiquée dans tous les pays où elle fut appliquée, se passant ainsi de sa tutelle. Cette politique anti-FMI permit à ce pays de retrouver un fort taux de croissance dès 2003. En revanche l’intervention du FMI fut d’un bon recours pourla Russieet les anciens pays satellites fin des années 90.
Après plusieurs autres crises financières internationales, où en est aujourd’hui le FMI ?
On pourrait dire qu’il est dans la situation d’un banquier solide en fonds propres (Lors du sommet du G20 de Londres en 2009, il a été décidé de le doter d’un potentiel de financement de 1000 milliards de dollars US) mais dépourvus de clients qui ont tous remboursé leurs dettes et n’ont plus besoin d’emprunter, et donc le privant de ressources…
Un vrai dilemme car avec un taux d’expansion de l’économie mondiale de 5% en 2013, les régions entières (Amérique du Sud, Asie) qui s’en détournent totalement, le FMI n’a plus que quelques pauvres pays européens tels quela Grèceou le Portugal comme débiteurs, et ce ne sont pas les meilleurs payeurs, pour le moment !
Et ce mouvement de désamour s’est amplifié par le départ en tambours et trompettes du Venezuela, Bolivie, Équateur, Nicaragua de cette institution financière, du jamais vu ! Si on ajoute à cela que d’autres pays préfèrent emprunter à la puissante Chine, moins regardante en matière de restructuration économique, mais aussi il est vrai, de droits de l’homme, c’est un mouvement de fond qui suscite une crise d’identité du FMI.
Avec tant d’argent à la clé, on pourrait penser, en regardant la misère endémique qui progresse néanmoins, l’accentuation des déséquilibres de la répartition des richesses, qu’il y aurait tant à faire, mais il faudrait pour cette institution internationale puisse vivre une vraie révolution copernicienne en réformant sa gouvernance en donnant plus de poids aux pays en développement et en réorganisant sa politique de distribution de crédit, plus axée sur le développement des économies réelles, soit en finançant directement les PME et les collectivités locales, mais aussi en investissant sur ce grand mouvement économique dans l’avenir que va être la substitution de l’énergie fossile par les sources d’énergie renouvelable, ce qui pourrait pousser à l’expansion économique et à la création de nombreux emplois, source de progrès social et donc de stabilité politique.
En matière d’institutions internationales, c’est souvent l’éloge de la lenteur lorsqu’il s’agit de se réformer et de se réadapter aux nouvelles données géopolitiques et économiques mondiales. Espérons pour le bien de l’humanité, (car l’idée fondatrice du FMI était généreuse et dotée de bon sens) que ses dirigeants et les pays qui l’ont constitué en coopérative internationale, savent prendre la mesure de ces bouleversements et retrouvent le sens de l’Histoire et de l’avenir.
FB pour FBBOURSE.COM