La crise financière de 1836-1837 est représentative des paniques bancaires du XIXe siècle aux États-Unis.
Contexte économique et origine de la crise financière de 1837
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La crise financière de 1837 vient s’inclure dans le cycle des grandes crises économiques cycliques qu’ont connu les États-Unis durant tout le siècle XIXème siècle. Elle trouve son origine dans une mesure gouvernementale qui visait à réduire la spéculation bancaire. Le « Specie Circular » que le président américain Andrew Jackson instaura le 15 août 1836, avait pour but de limiter le fossé qui existait entre les réserves d’or réelles possédées par les banques et les crédits qu’elles acceptaient de fournir à leurs clients. Ils atteignaient parfois jusqu’à cinq fois la valeur de leurs encaisses en or. Ce décret obligeait donc tous les acquéreurs de terrain sur la côte ouest des États-Unis à régler leur transaction en or et non en papier-monnaie. Cette manœuvre visait également à encourager l’exploitation des nouveaux territoires de l’ouest, riche en ressources aurifères. Mais l’effet produit ne fut pas celui attendu : le « Specie Circular » entraîne un investissement massif dans l’or, investissement qui eut pour corollaire une méfiance croissante envers le papier-monnaie. Les banques ne peuvent faire face à cet afflux soudain de clients qui viennent demander l’échange de leur papier-monnaie contre du métal précieux. De fait, nombreuses d’entre elles vont rapidement se retrouver en situation de faillite.
Dans le même temps, le président Jackson mène une lutte acharnée contre le principe d’une banque centrale et son gouverneur Nicolas Biddle. Il refuse ainsi de prolonger la charte de la Second Bank of the United States qui arrive à échéance le 3 mars 1836, ce qui entraîne le retrait de tous les fonds publics placés au sein de cet établissement bancaire et donc une fragilisation certaine du système. En effet, celle-ci aurait pu jouer le rôle de régulateur lors de la panique de 1837 en évitant fermeture de banques et effet de contagion.
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La panique de 1837
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Mais si l’origine de la crise se trouvait sur le continent américain, l’élément déclencheur lui était de l’autre côté de l’Atlantique. C’est en effet la Banque centrale britannique qui déclencha le séisme. En effet, pour lutter contre la fuite des capitaux nationaux des investissements américains et contre les poussées inflationnistes, elle augmenta soudainement ses taux d’intérêt, encourageant ainsi les capitaux à rester dans les banques londoniennes. Ce recul de capitaux de l’autre côté de l’Atlantique finit d’impacter la structure financière américaine déjà très ébranlée par le « Specie Circular » et le refus de prolonger la charte de la Banque Nationale. Rapidement, la situation économique se dégrade (Ex : Le prix du coton, qui représente à l’époque près de 60% des exportations américaines, s’effondre), et le système financier est paralysé.
De surcroît, malgré le départ de Jackson, son successeur, Von Buren (élu le 7 décembre 1836) poursuivit la politique économique de « laisser-faire » de son prédécesseur, ce qui ne fait qu’aggraver la crise. Les banques américaines auraient eu besoin d’un rapide refinancement pour faire face à cette paralysie, mais furent laissées à elles-mêmes.
Le 10 mai 1837, c’est la panique, les banques ne peuvent plus faire face à cette demande soudaine de métaux précieux et la plupart sont en grande difficulté. Même si certaines (comme la Suffolk Bank of Boston), présentant des comptes plus sains que les autres, acceptent de se placer en situation de banques centrales et de prêter sur le marché interbancaire, cette pratique ne suffit pas à stabiliser le système financier. La panique de 1837 se traduit par des faillites massives dans le secteur bancaire : sur 850 banques présentes aux États unis à cette époque, 343 mirent la clé sous la porte, et 62 autres furent placées en faillite partielle.
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Les conséquences de la crise financière de 1837
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Comme toujours dans les crises du XIXe qui atteignent en premier lieu le système bancaire, l’industrie est rapidement touchée. Face à l’absence totale de liquidités, les investissements stagnent ou s’arrêtent, mécaniquement cette situation impacte l’économie réelle. Les effets de la panique de 1837 vont s’étendre de 1839 à 1843. La contraction importante de la masse monétaire (près de 34% entre 1839-1843) entraîne une diminution de la production, qui produit elle-même un chômage de masse et une importante déflation (entre de 40% et 50% selon les économistes ). L’économie américaine est au ralenti pour près de quatre années.
Une des conséquences pratiques de cette crise sera de mettre en évidence la nécessité pour les États-Unis d’avoir des moyens de mesures fiables et indépendants de la solvabilité des entreprises pour éviter ces situations de faillites en chaîne. C’est pourquoi l’américain Lewis Tappan créa en 1841 la « Mercantile Agency » qui sera la première société d’analyse financière et de crédit.
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Sources:
Contexte, cause et conséquences. Voilà en quelques lignes très bien synthétisées l’histoire de la grande crise financière de 1837. Les informations communiquées dans cet article permettent tout à fait de mettre en perspective le mécanisme de cette crise avec celui de la crise que nous vivons actuellement. Une passionnante page d’histoire économique.