« N’oublions pas que « la demande » ne vient pas directement des consommateurs mais presque toujours des intermédiaires, parfois des spéculateurs : c’est donc une demande fondée non sur des besoins réels et présents mais sur des besoins à venir qui ne se réaliseront peut-être jamais. En fait, la rupture d’équilibre, soit par excès, soit par insuffisance, est très fréquente : c’est ce qu’on nomme une crise économique. »
Charles Gide, Principes d’économie politique, Livre I-La production, Part.2, Chap.I.3, 1931
« En somme donc, la théorie des débouchés tend simplement à prouver que l’excès de production n’est jamais un mal toutes les fois que l’accroissement de la production s’opère simultanément et proportionnellement dans toutes les branches. En effet, dans ce cas, les rapports entre les quantités échangées n’étant pas modifiés, l’équilibre économique ne sera pas troublé. »
Charles Gide, Principes d’économie politique, Livre I-La production, Part.2, Chap.I.4, 1931
« Voici une ère de prospérité : bonnes récoltes, pas de craintes de guerres, l’industrie marche, tout va ! et alors on voit monter le cours de toutes les valeurs, mines de cuivre ou de charbon, valeurs de caoutchouc, banques, chemins de fer. Chaque petit rentier « mouvemente son portefeuille » ; chacun demande à ceux qu’il croit bien informés : Dites-moi ce qui va monter ? – et il ne risque guère d’être trompé, puisque tout monte en effet. De toutes parts se créent des entreprises nouvelles, on exploite de nouvelles mines, on fait de nouvelles plantations de caoutchouc, on capte des chutes d’eau, on ouvre des cinémas, et même les entreprises anciennes augmentent leurs capitaux en émettant des actions nouvelles. Puis vient le jour où toutes ces entreprises donnent à la fois et se font concurrence. On entend un craquement sinistre : c’est l’une d’elles qui sombre. Aussitôt c’est la panique – et de même que, naguère, plus les valeurs montaient plus empressés étaient les acheteurs, maintenant plus elles baissent et plus on se hâte de vendre ! Rares les capitalistes qui ont su prévoir la débâcle et sortir à temps de l’affaire. De proche en proche, tous ces titres qui représentaient autant d’anticipations de production et de revenus et, comme dit éloquemment le professeur Seligman, « la capitalisation de tant d’espoirs », s’affaissent, avant même qu’on puisse savoir s’il y a réellement surproduction. »
Charles Gide, Principes d’économie politique, Livre I-La production, Part.2, Chap.I.5, 1931
« Si les cycles économiques étaient aussi réguliers que ceux de l’ordre astronomique, la prévision serait facile, mais nous avons vu que tel n’est pas le cas. Aussi est-ce une des grandes préoccupations des économistes et financiers que de chercher à prévoir les crises et, si possible, à les prévenir. À cet effet, on a créé par tous pays des institutions pour découvrir, rassembler et publier tous les faits symptomatiques de crise. Ce sont comme des Bureaux de météorologie économique, semblables à ceux dont les bulletins quotidiens sont publiés aussi dans les journaux et qui annoncent l’arrivée d’une « dépression », ou d’un « cyclone».»
Charles Gide, Principes d’économie politique, Livre I-La production, Part.2, Chap.I.5, 1931
« On ne se contente pas de prévoir – on veut prévenir. Évidemment si l’on pense que toute crise implique un désordre et des conséquences fâcheuses, alors la recherche d’un remède s’impose. Ce serait déjà un remède efficace si l’on réussissait à constituer une science des crises assez exactes pour permettre d’en prévoir le retour à date fixe, car il est permis de croire qu’une crise prévue et en quelque sorte escomptée se trouverait par là même évitée, ou tout au moins très amortie. Encore ne faut-il point s’y fier, car il arrive souvent que la peur d’un mal a précisément pour effet d’évoquer ce mal ! »
Charles Gide, Principes d’économie politique, Livre I-La production, Part.2, Chap.I.5, 1931
« Si l’on se demande quels sont les effets de la loi de concentration au point de vue social – soit pour les consommateurs, soit pour les ouvriers – il faut répondre que, somme toute, ils sont favorables. »
Charles Gide, Principes d’économie politique, Livre I-La production, Part.2, Chap.II.2, 1931
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