Lundi décembre 30th 2024

Le Krach boursier de 1866

Henry Edmund Gurney, l'un des dirigeants de l'Overend & Gurney en 1866

Le krach boursier de 1866 secoua profondément les sphères boursières, financières et industrielles anglaises de la fin du XIXe siècle. Complétant le cycle des crises du XIXe siècle, il fut une nouvelle matérialisation des dangers de la déréglementation en période de croissance.

Contexte économique et origine du krach boursier de 1866

Le krach boursier de 1866 prend ses racines dans la déréglementation du secteur financier britannique à la fin du XIXe siècle. À partir des années 1850, on voit le développement en parallèle des banques par action et des maisons d’escompte.

En parallèle du développement de ces institutions financières, on assiste à une déréglementation du secteur entrepreneurial avec une expansion du principe de responsabilité limitée. C’est ainsi que sont rédigés en 1862 les « Companies acts » qui indiquent que toute compagnie respectant certaines conditions simples et dont les statuts ont été déposés est reconnue comme une personne civil et que ses associés jouissent de la responsabilité limitée. On parle de « Joint stock companies ». Dès 1864, plus de 260 entreprises anglaises sont créées sous le statut de la responsabilité limitée.

Cette déréglementation entraîna un développement de la concurrence sur le marché financier. Les banques commencèrent à promouvoir l’achat d’actions à découvert tandis que les maisons d’escompte diminuaient au maximum le niveau de leur réserve afin de pouvoir investir le plus possible dans l’industrie, en particulier ferroviaire. Les banquiers prirent également l’habitude de déposer leur réserve chez les escompteurs, afin de faire fructifier leurs réserves, tout en les laissant disponibles.

Dans le même temps, le développement de l’industrie ferroviaire entraîna la création, en 1862, des « Credit and financial companies » dont le but exclusif était de fournir du crédit pour financer la construction de chemins de fer. Si ce nouveau système fonctionna un moment sur la forte croissance de cette industrie, dès le début des années 1860, il commença à connaître des difficultés, car de nombreux chantiers ferroviaires n’étaient jamais achevés faute de financement. Les nouvelles constructions se révélèrent difficilement rentables (en effet plus de 7369 miles de voies furent autorisés à la construction entre 1864 et 1865 dont seulement 2427 miles furent accordés à des compagnies déjà en activité). De fait, dès le milieu de l’année 1865, le climat autour de l’investissement dans le secteur ferroviaire commença à se dégrader. Des doutes commençaient à poindre sur la capacité de certaines nouvelles compagnies à rembourser les crédits contractés.

Le krach de 1866

La crise fut déclenchée par une décision de justice. Le 9 mai 1866, trois banques ou maisons d’escompte, Bateman, Overend & Gurney et la National Discount Company attendaient le jugement de la Mid-Wales Railway Company pour non-remboursement des obligations prises auprès de ces trois institutions (à ce moment la somme en jeu se chiffre à 60000 livres uniquement !). Le juge considéra la compagnie de chemins de fer comme non-responsable, car l’affaire entre les quatre protagonistes fut jugée invalide. Ce jugement entraîna, par le jeu de la responsabilité limitée, le non-remboursement des dettes contractées par MM. Peto et Betts, dirigeants de la Mid-Wales Railway Company à Overend & Gurney, les engagements de ces derniers se situant en globalité autour de 4 millions de livres, d’où un effondrement soudain du cours de l’action de la maison d’escompte et une panique chez les déposants qui se précipitèrent aux guichets pour récupérer leurs dépôts. Le 10 mai, Overend & Gurney était en situation de faillite.

Cette faillite d’Overend & Gurney la plus grosse maison d’escompte de la place de Londres fut le point de départ d’un krach boursier qui s’étendit à toute l’Europe. En Angleterre, la dépréciation boursière fut estimée entre 60 et 70 millions de livres. Le 11 mai, surnommé « Black Friday », fut la journée la plus terrible : les banques par actions et les maisons d’escompte assistèrent à une ruée de clients désireux de récupérer leurs dépôts.

Les conséquences du krach boursier de 1866

Les réserves trop faibles des institutions financières entraînèrent rapidement une crise de liquidité qui fut elle-même à l’origine de la faillite en chaîne d’entreprises incapable de faire face à leurs obligations. Pour rétablir leur masse monétaire, les banques se tournèrent alors vers les escompteurs chez qui elles avaient laissé leurs réserves. Ce soudain excès de demande mit les escompteurs dans une situation difficile aux vues de leurs réserves limitées. Ils se tournèrent donc à leur tour vers la banque d’Angleterre pour récupérer des stocks de monnaie. En une journée, 4 millions de livres furent prêtés par la banque d’Angleterre aux banquiers et aux escompteurs. Le gouvernement pris alors dans la nuit du 11 mai, la décision de suspendre le « Bank charter Act » qui obligeait la convertibilité de la monnaie émise en or stockée dans les réserves de la Banque Nationale. La banque d’Angleterre fut ainsi autorisée à émettre davantage de masse monétaire.

Cependant, la suspension de la convertibilité n’entraîna pas immédiatement un retour de la stabilité et de la sérénité sur les marchés bancaires. De surcroît, de nombreuses banques durent faire face à la non-solvabilité de leurs clients ce qui entraîna leur faillite, transformant la crise financière en crise bancaire. Ainsi les célèbres Bank of London, Consolidated Bank et la Masterman’s Bank se virent contraintes à la faillite.

FB pour © FB BOURSE.COM

Sources :

Crise financière anglaise de 1866

A propos des crises de 1866 et 1873

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