Jeudi décembre 26th 2024

La crise bancaire Suédoise, dans les années 90

Nordbanken : l'une des banques nationalisées lors de la crise de 1991

La crise bancaire en Suède, dans les années 1990 : un modèle pour la France d’aujourd’hui ? 

On dit souvent que l’Histoire se répète. Si tel est le cas, c’est aussi parce que les élites politiques ne retiennent rarement les leçons des crises économiques passées, qui pourtant se suivent et se ressemblent… C’est alors que les erreurs se perpétuent et que les situations s’aggravent…
La Suède, pays moins important que la France, tant au niveau démographique qu’au point de vue économique, reste un exemple intéressant de la manière dont un pays peut se sortir d’une crise bancaire. En effet, celle que ce pays nordique, d’ailleurs souvent cité en modèle, a connu dans les années 90 pourrait inspirer aux dirigeants français des solutions afin de se dépêtrer de la crise actuelle. En 2011, la Suède n’affichait pas moins de 3,9 % de croissance, quand la France et l’Europe étaient au bord de la récession.
Regard sur cette expérience qui laisse entrevoir un espoir de solution.
La crise suédoise des années 90
La Finlande, la Norvège et la Suède ont connu une crise importante dans les années 90. Dans un contexte économique plutôt fragile, la Suède a donc vécue elle aussi une crise bancaire à partir de 1991 : provoquée par l’état d’un marché financier rendu insolvable pour la première fois, à cause notamment d’une bulle immobilière, elle engendra de nombreuses conséquences. Les causes de cette crise sont assez similaires à celles qui provoquèrent en 2008, la crise des subprimes.
Le pays a connu une succession de réformes : celle de l’État en premier lieu, mais aussi la privatisation de services publics, accompagnée de suppressions de postes de fonctionnaires. Ainsi, les surplus engendrés par ces mesures ont fait revenir l’équilibre budgétaire et ont évité au pays les conséquences d’une récession en 2008.
 La Suède a également pris des mesures dès 1991, que le gouvernement français hésite encore à appliquer : l’exemple le plus prégnant est sans doute celui de la taxe carbone qui, considérée comme fondamentalement nécessaire au besoin d’économies d’énergie, a permis d’observer une baisse des émissions de CO2 de l’ordre de 14%. Thomas Sterner, personnalité politique importante en Suède, a ainsi estimé que le choix qui a été fait de mettre au centre de la réforme fiscale un tel enjeu environnemental a permis « de réduire d’autres taxes et de redistribuer les recettes ». Ainsi, les taxes vertes permettent aujourd’hui à la Suède de générer des recettes. Elles en représenteraient près de 10% dans le budget de l’Etat.
Au niveau bancaire, le gouvernement suédois à assurer la garantie de l’ensemble des dépôts des 114 banques suédoises et s’occupa des créances délicates. Nordbanken ainsi que Göta Bank, deux des établissements bancaires les plus importants, furent nationalisés et reçurent des sommes d’argent importantes (plusieurs milliards de couronnes). Enfin, une agence nationale de supervision bancaire nommée Bank Support Agency fut créée afin de faciliter la recapitalisation des banques qui en avaient le besoin. 57 milliards de SEK ont été injectés dans le système financier suédois.
Des retombées importantes
Les conséquences désastreuses de cette crise peuvent être résumées en quelques points, et on notera que la situation décrite est particulièrement similaire à celle que nous vivons actuellement.
Premièrement, le système bancaire dans son entier fut bouleversé. La liquidation d’une banque a d’ailleurs eu lieu le 9 septembre 1992 (Gota AB – société mère de Gotabanken), alors que le reste des structures financières bénéficiaient d’une aide d’urgence de la part du gouvernement suédois. La chute du PIB en trois ans (- 7%) fut accompagnée d’une augmentation de la dette publique qui grimpa de moitié sur la même période (44.4% du PIB en 1991 à 72% en 1993), parallèlement à une augmentation similaire du chômage en cinq ans (+ 7%). Le secteur immobilier ne fut pas épargné : il a enregistré une chute de 35% en quatre ans. De plus, le pays connut une crise de change, car la monnaie suédoise, la Couronne, fut dépréciée de 25% en automne 1992. Le déficit atteignit pendant cette crise jusqu’à 12% du PIB en 1993.
Les dépenses publiques augmentant d’autant plus à cause de cette mauvaise situation économique, il fallut donc les réduire.
Grâce à la valeur amoindrie de la Couronne, une relance des exportations a pu être possible, créant ainsi un nouvel élan au sein de l’économie suédoise. Les rendements industriels ont ainsi pu être augmentés de 10% en deux ans. Ainsi, certains économistes préconisent une dépréciation du dollar de 40% environ afin de revenir, de la même façon, à un certain équilibre financier.
L’exportation étant la principale activité stratégique de la plupart des pays ayant une bonne croissance économique, comme la Chine ou l’Allemagne, il est donc primordial que les Etats-Unis ne revoient pas à la baisse leur demande, car l’équilibre des industries dans ces pays tient à cette donnée, et est donc fragile.
L’Union Européenne, face à ce risque de diminution de l’échange importation/exportation, a donc pris une position en faveur des industries de ses pas membres, en adoptant une politique protectionniste vis-à-vis des entreprises européennes. Seulement, cette aide n’est que financière, sous forme de subventions : celles-ci ne pouvant éviter toutes les délocalisations ou effondrements de la demande étrangère, cette solution n’est donc pas la bonne. Certains y voient même un frein à la relance.
C’est donc en 1992 que le gouvernement suédois décida de sauver le système financier. Grâce à ce geste volontariste, le pays n’aurait perdu, selon les estimations, qu’à peine plus de 4% de son Produit National Brut au cours de l’opération, bien que de récentes études tableraient plutôt sur un taux entre 0 et 2%.
Il serait donc bon d’apprendre du miracle suédois. La meilleure solution pour la crise actuelle reste la concertation et la solidarité internationales. C’est par les inattentions et les politiques aveuglements égoïstes que l’on arrive à de tels déséquilibres. Les conséquences de la politique libérale doivent être assumées par tous ceux qui y participent, car l’austérité n’est pas une solution à l’absence de mesures de relance. Pour y parvenir, il faudrait donc redynamiser le secteur industriel européen.
FB pour FBBOURSE.COM

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