« Nous nous heurtons à cette difficulté que les propositions les plus importantes à une période du développement économique peuvent être parmi les moins importantes à une autre. En cette matière, les économistes ont beaucoup à apprendre des récentes expériences de la biologie, et la profonde discussion que Darwin a faite de la question jette une vive lumière sur les difficultés qui se présentent à nous. Il montre que les caractères qui déterminent les habitudes de vie de chaque être dans l’économie de la nature, ne sont pas, en règle générale, ceux qui jettent le plus de lumière sur son origine, mais ceux qui en jettent le moins. […]. De même pour une institution économique, celles de ses particularités qui contribuent le plus à la rendre à l’œuvre qu’elle a présentement à accomplir, sont vraisemblablement, pour cette raison même de date récente. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre II, chap.1, 1890
« L’organisation d’un État libre et bien administré doit être regardée à certains égards comme un élément important de la richesse nationale. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre II, chap.2, 1890
« L’homme ne peut pas créer de choses matérielles. Dans le monde intellectuel et moral, il est vrai, il peut produire de nouvelles idées; mais lorsqu’on dit qu’il produit des choses matérielles, il ne produit réellement que des utilités. En d’autres termes, ses efforts et ses sacrifices ont pour résultat de changer la forme ou la disposition de la matière, pour mieux l’adapter à la satisfaction de ses besoins. Tout ce que l’homme peut faire dans le monde physique, c’est: ou bien de modifier la matière pour la rendre plus utile, comme lorsqu’il fait une table avec un morceau de bois; ou bien de la placer dans des conditions où elle puisse, sous l’action de la nature, devenir plus utile, comme lorsqu’il met des graines en terre pour que les forces de la nature les fassent germer. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre II, chap.3, 1890
« Les besoins et les désirs de l’homme sont innombrables et de sortes très diverses; mais ils sont d’ordinaire limités et susceptibles d’être satisfaits. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre III, chap.2, 1890
« […] les richesses nouvelles perdent souvent une grande partie de leurs charmes. Cela est dû en partie à l’habitude ; elle fait que les hommes cessent de prendre plaisir aux objets de luxe et de confort auxquels ils sont habitués, bien qu’ils souffrent grandement s’ils viennent à les perdre. Cela est dû en partie aussi au fait que, à mesure que la richesse d’un homme augmente, survient aussi pour lui la lassitude de l’âge, ou pour le moins une croissante fatigue des nerfs, peut-être même se prennent des habitudes de vie qui affaiblissent la vitalité physique et qui diminuent la faculté de jouir. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre III, chap.6, 1890
« Dans tout pays civilisé on rencontre des adeptes de la théorie bouddhiste pensant qu’une existence sereine et tranquille est le plus haut idéal de vie, qu’il convient à l’homme sage d’extirper de son âme autant de besoins et de désirs qu’il lui est possible, que la richesse véritable n’est pas dans l’abondance des biens, mais dans l’absence des besoins. À l’autre extrême sont ceux qui soutiennent que le développement de nouveaux besoins et de nouveaux désirs est toujours avantageux, parce qu’il pousse les hommes à augmenter leurs efforts. Comme le dit Herbert Spencer, ils semblent tomber dans l’erreur de croire qu’il faut vivre pour travailler, au lieu de travailler pour vivre. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre III, chap.6, 1890
« […] réciproquement, il peut arriver que la lutte pour la survivance ne réussisse pas à faire naître des organismes qui seraient pourtant très profitables à leur milieu. Dans le monde économique, le besoin d’une disposition industrielle nouvelle ne suffit pas pour autant à en provoquer à coup sûr l’offre. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre IV, chap.8, 1890
« Nous voyons qu’elle offre [l’organisation moderne] un contraste frappant et une ressemblance non moins frappante avec le système de castes […] Le sacrifice de l’individu aux exigences de la société est à certains égard comme une survivance des conditions qui prévalaient dans les temps lointains ; la division du travail entre les différentes branches d’industrie, et entre les différents individus d’une même branche est toujours aussi entière et rigide… »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre IV, chap.8, 1890
« Les économistes ont profité beaucoup de nombreuses et profondes analogies qui ont été découvertes entre l’organisation sociale, et particulièrement l’organisation industrielle, et l’organisation physique des animaux supérieurs d’autre part. Dans certains cas, ces analogies apparentes, […], ont finalement justifié leur prétention de servir d’illustrations à l’unité d’action fondamentale qui existe entre les lois du monde physique et celles du monde moral. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre IV, chap.8, 1890
« La théorie d’après laquelle les organismes dont le développement est supérieur, au sens que nous venons de donner à cette expression, sont ceux qui ont le plus de chance de survivre dans la lutte pour l’existence. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre IV, chap.8, 1890
« Le progrès des machines, quant à la variété et quant au prix, pèse partout lourdement sur le petit industriel. Ce progrès l’a déjà chassé complètement de certaines industries et est en train de le chasser rapidement de certaines autres. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre IV, chap.11, 1890
« Le fait que les conditions générales de la vie ne sont pas stationnaires est la source de la plupart des difficultés auxquelles l’on se heurte quand il s’agit d’appliquer les doctrines économiques aux problèmes d’ordre pratique. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre V, chap.3, 1890
« L’élément de temps est une du principales causes des difficultés que rencontrent les investigations économiques, difficultés qui font que l’homme, avec ses moyens limités, ne peut s’avancer que pas à pas, c’est-à-dire qu’il lui faut débrouiller la complexité d’une question, n’en examiner qu’un fragment à la fois pour, en dernier lieu, faire un faisceau de ces solutions partielles en vue d’une solution plus ou moins complète de l’énigme totale. En décomposant la question, il se débarrasse de ces causes de trouble qui peuvent dans leurs intermittences devenir gênantes pour considérer les choses caeteris paribus.»
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre V, chap.5, 1890
« Il n’existe pas une ligne de séparation bien définie entre les « longues » et les « courtes » périodes. La nature n’a pas tracé de semblables lignes dans les conditions économiques de la vie réelle, et elles ne sont pas nécessaires lorsque l’on s’occupe de problèmes pratiques. »
Alfred Marshall, Principes d’économie politique, Livre V, chap.5, 1890
L ‘opinion publique est selon A. Marshall : « […] l’opinion d’un homme moyen ; c’est-à-dire comme un membre moyen de l’une de ces classes sociales de la société qui n’est pas directement et immédiatement concernée par la question en jeu »
Alfred Marshall, Some aspects of Competition, 1890
Voir aussi: Les Citations de John Keynes
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